La route vers l'acceptation
- Renée
- 29 juin 2015
- 3 min de lecture
J’ai des amis en or. Il m’arrive assez régulièrement de me faire demander si j’ai perdu du poids. Alors il y a deux options ; soit mes amis sont juste vraiment bullshitteux, ou bien alors, en prenant du poids, mes seins grossissent et donne l’impression que ma taille est plus petite. Je ne suis pas mince. Mais je l’ai déjà été. Il y a 13 ans, j’ai changé toutes mes habitudes alimentaires. J’habitais en campagne et je n’avais pas de voiture et je me suis fait un chum qui habitait en « ville » et quelques semaines plus tard, je déménageais avec mes parents dans la même ville. Je n’avais pas à manger de fast food et ce à des heures pas possibles… Mais je le faisais. Je pense avoir pris 40 livres en 3-4 ans. J’ai atteint 194 lbs. C’est un chiffre que je ne pensais jamais atteindre. Mais même lorsque le médecin m’a pesé, il n’en revenait pas, je n’en avais pas l’air. La remise en forme fut difficile, mais j’étais redescendu à 154 lbs… juste avant Noël. Pas besoin de dire que je ne me suis pas privé ! J’étais tellement fière de moi ! Mais peu après les fêtes, je retrouvais un 162 lbs décevant. Aujourd’hui, je pèse bien plus que 162 lbs. Mes deux frères sont plus minces que moi et dans une forme splendide ! Aux dernières nouvelles, mon cœur va bien, je ne fais pas de diabète ni de cholestérol et j’arrive à courir après les clients pour photographier leur sourire lorsqu’ils reviennent sur terre, à l’école de parachutisme où je travaille. Oui, je devrais et je pourrais faire plus d’exercice. Oui, je pourrais couper certaines choses de mon alimentation. Mais je ne voudrais pas revenir à mon 145 lbs du début du CÉGEP ! Un ami m’a affectueusement appelé « ma grosse » l’autre jour et j’aurais cru que d’entendre ces mots aurait été blessant. Et pourtant, non. Je ne suis pas mince. Il y en a des plus grosses, il y en a des plus petites. Mais moi là-dedans, dans ma grosseur, dans mon corps, dans mes bourrelets, mes vergetures et ma cellulite, je suis bien. Aujourd’hui je suis bien. J’ai compris que les abonnements de gym ne sont pas pour moi. Je me regarde dans le miroir et je me trouve belle et c’est ce qui compte. Je suis belle pour moi et les gens qui regardent bien le verront. J’ai même accepté de poser nue. Ouin… Ça je ne l’ai pas dit à grand monde. Je ne suis pas celle qui se vante de ses exploits. Mais je suis fière d’avoir affronté une peur de plus. Je ne suis pas devant l’objectif habituellement, alors c’était doublement un défi !

Mais depuis quelques temps j’ai eu la chance de photographier plusieurs personnes qui font de la danse dont une qui m’a parlé un peu de son combat face à son propre corps. Comment les gens dans certains domaines sont jugés et critiqués sur leur apparence, ça ne me rentre pas dans la tête. Et pourtant, cette jeune femme qui, à mes yeux, a un corps magnifique se fait dire par des comparses que ce qu’elle mange est trop calorifique, trop sucré, trop ci, trop ça. Elle a trop de fesses, elle a trop de cuisses, elle a trop de ventre, elle a trop d’elle. Une chance qu’elle sait se défendre et qu’elle a de la gueule. Mais on sait tous que ce n’est pas le cas de tout le monde et ça n’a peut-être pas toujours été le cas pour elle non plus.
Je pense à mes nièces qui ont sans doute à faire face aux jugement des autres et j’ai peur qu’elles finissent par croire un jour qu’elle ne sont pas assez belle, assez mince, assez grande, assez frisée, bronzée, épilée, parfumée, à la mode, pas assez comme tout le monde.
Je parle de filles et de femmes, mais je suis aussi consciente que ça s’applique autant aux garçons et aux hommes.
Ça m’a pris 28 ans à m’accepter comme je suis, je considère que je suis chanceuse. Je souhaiterais mieux pour les autres, mais je ne changerais pas un pas sur mon chemin. Cette route m’a mené où j’en suis et c’était, malgré tout, le plus beau des voyages et le meilleur est à venir !
Images et textes © Renée Ledoux Photographie
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